La France est le plus gros consommateur d’ardoise au monde et assurait autrefois une part importante de la fabrication des ardoises de construction. Le plus souvent ces ardoises sont destinées aux toitures, pour lesquelles elles offrent une couverture particulièrement durable, esthétique et historique. Si vous ne savez pas comment se déroule la fabrication des ardoises naturelles, nous vous proposons un zoom sur cette industrie autrefois florissante en France.
Qu’est-ce que l’ardoise ?
L’ardoise est une pierre naturelle de type schiste dite métamorphique. Cela signifie qu’elle a été formée dans le sous-sol à de très grandes pressions, particularité qui lui confère les qualités pour lesquelles elle est réputée.
L’ardoise se fend naturellement en fines couches sous l’effet de chocs. Cette prédisposition était autrefois idéale pour la fabrication des ardoises de toiture, car on pouvait obtenir des pièces planes presque naturellement calibrées rapidement et avec très peu d’effort.
Cette facilité de fabrication de l’ardoise en faisait dans les régions proches des gisements une alternative très importante à la terre cuite.
L’ardoise, un matériau minéral idéal
En qualité de minéral, l’ardoise est imputrescible, un critère incontournable pour la mise en œuvre des toitures.
D’autre part, contrairement à de nombreux autres matériaux traditionnels, l’ardoise naturelle résiste au gel, aux UV, aux écarts de températures et aux parasites.
Ce matériau minéral était autrefois utilisé dans de nombreuses étapes de la construction d’un bâtiment, en toiture, mais aussi en solution de façade, de sol et autres. Les gisements les plus célèbres étaient tous situés dans la région d’Angers, où il existe toujours des traces de ces exploitations.
L’ardoise est désormais un matériau de couverture de luxe, généralement destiné aux bâtiments historiques et à leur environnement immédiat.
La fabrication de l’ardoise naturelle pour le bâtiment
La fabrication de l’ardoise reste inchangée depuis des siècles. Si la production s’est largement mécanisée, les techniques et les principes d’extraction et de manufacture sont toujours les mêmes. Il s’agit ainsi systématiquement d’extraire, de scie et de cliver l’ardoise.
L’extraction de l’ardoise en blocs
Les gisements d’ardoise sont des carrières qui représentent le premier jalon de la fabrication de l’ardoise. Les carrières d’ardoise, les ardoisières, peuvent être à ciel ouvert ou souterraines, selon la nature du gisement. La roche, lorsque sa présence est avérée, est extraite du sol sous la forme de très gros blocs de plusieurs dizaines de tonnes.
Ces blocs sont très souvent dégrossis sur place à l’aide de débiteuses filaires. On achemine ensuite ces tranches ou blocs de moindre taille à l’atelier de transformation par camion dumper.
Le sciage de l’ardoise
Comme le montre cette vidéo d’une ardoisière espagnole, les blocs sont ensuite transformés dans un atelier dédié à cette tâche.
Dans l’atelier, des spécialistes trient les blocs en fonction des dimensions d’ardoise qu’ils pensent pouvoir en tirer.
Les blocs sont ensuite sciés selon plusieurs dimensions. Les ardoises qui sont issues de ce sciage sont nommées répartons. Il s‘agit de petits blocs encore épais et à peine équarris. Il reste au moins une opération supplémentaire pour achever la fabrication de l’ardoise. Dans l’attente de cette étape, les répartons sont entreposés sous une douche d’eau afin de conserver l’humidité indispensable à leur bon clivage.
Le clivage des répartons : Une étape indispensable à la fabrication de l’ardoise
Le clivage des répartons est effectué à la main par des ouvriers spécialisés, dont, par ailleurs, le métier ne s’apprend que sur le tas.
Le maître fendeur prépare des “fendus”, des ardoises presque terminées de 3 à 4mm d’épaisseur (l’épaisseur la plus importante sur le marché). Cette étape est systématiquement réalisée à la main, avec une série de burins de diverses largeurs.
La fabrication des ardoises naturelles de couverture est terminée par l’épaufrure. Une machine abat les arêtes et réalise un léger chanfrein destiné à faciliter la pose des ardoises.
Quels sont les différents types d’ardoises ?
La qualité des ardoises naturelles, premier critère de sélection
Toutes les ardoises ne sont pas égales. Selon les blocs, la nature de la roche et le clivage, une ardoise peut avoir une qualité spécifique.
Ainsi, en fin de chaine de fabrication, les ardoises sont triées selon leur niveau de qualité et reçoivent une note pour les 3 indices de qualité :
- A : Taux d’absorption d’eau.
- T : La résistance aux chocs thermiques et à l’oxydation.
- S : L’exposition aux pluies acides.
Une fois les ardoises triées elles peuvent être mises sur le marché.
Les formes : Une étape supplémentaire à la fabrication des ardoises
Si la forme la plus fréquente de nos jours est le rectangle, elle est loin d’être la seule.
En effet, les régions ont historiquement adopté des formes d’ardoises spécifiques pour leurs toitures. De nos jours, les ardoises aux formes spéciales sont généralement réservées aux monuments historiques ou aux demeures de prestige.
Outre le format rectangulaire le plus fabriqué de nos jours il existe (entre autres) :
- L’ogive.
- Le losange.
- L’écaille.
- Le rombo.
Notez que selon la fabrication de l’ardoise et son type, le système d’accroche peut varier afin d’assurer une solidité technique la plus durable possible.
Les dimensions de l’ardoise, un catalogue infini
Les dimensions des ardoises sont des standards traditionnels encore une fois liés aux particularités régionales. La fabrication des ardoises tient compte de ces particularités, bien que le plus gros du marché est de nos jours focalisé sur quelques dimensions populaires. Le format le plus vendu est d’ailleurs 32x22cm, mais on trouve aussi fréquemment :
- 27x18cm.
- 30x20cm.
- 35x25cm.
- 40x22cm.
- 40x25cm.
- 46x30cm.
La fabrication de l’ardoise naturelle de nos jours
De nos jours la fabrication de l’ardoise, si elle s’est mécanisée pour son extraction, reste très traditionnelle dans son processus de finition. Cette particularité explique ainsi son coût et son caractère toujours prestigieux. Toutefois, l’exploitation de l’ardoise a connu des bouleversements profonds, notamment en France.
Des gisements d’ardoise français en difficulté dans un marché énorme
La France est le plus gros consommateur d’ardoises au monde, avec environ 11 millions de m² d’ardoises posés chaque année.
Pourtant son industrie ardoisière s’est considérablement réduite dès les années 1950. Il existait alors de très grandes exploitations qui assuraient la fabrication d’ardoises pour tout le pays et une grande partie de l’Europe.
Les grandes carrières se sont épuisées ou ont été fermées et il ne reste aujourd’hui que quelques petites entreprises qui assurent une production locale de grande qualité.
Cette ardoise locale est généralement réservée à des projets luxueux, aux bâtiments historiques locaux, en raison de la faiblesse de la production et des coûts très élevés.
Les ardoisières étrangères au service de la réduction des coûts
Les ardoises à prix attractif sont actuellement produites en Espagne par une industrie ardoisière florissante. La plus grosse entreprise de ce secteur est Cupa Pizarras qui gère plusieurs ardoisières et génère plus de 400 000 millions d’euros de chiffre d’affaires.
La multiplicité des provenances permet la fabrication d’ardoises de couleurs différentes, liées à la nature géologique du site de leur extraction. Il s’agit ainsi pour le consommateur d’un avantage permettant un panel de couleurs plus riche et un prix au m² plus attractif.
La fabrication des ardoises synthétiques
La fabrication des ardoises de synthèse est également un secteur important du marché et relève d’un processus entièrement différent. Là où la fabrication des ardoises naturelles est traditionnelle et presque artistique, celle des ardoises synthétiques est plus utilitaire et automatisée.
Qu’est-ce qu’une ardoise synthétique
L’ardoise synthétique ne contient absolument pas d’ardoise, on la qualifie de cette manière car elle ressemble aux ardoises et peut affecter le même format.
Une ardoise synthétique est un assemblage de ciment et de fibres qui lui donnent une excellente résistance aux éléments et une bonne tenue dans le temps.
Le plus souvent la fabrication de l’ardoise synthétique lui confère une couleur grise, mais certains fabricants proposent un panel de coloris pouvant s’accorder à différents styles de maison.
Bon à savoirL’ardoise synthétique a longtemps utilisé de l’amiante dans son élaboration, mais ce n’est plus le cas depuis le milieu des années 1990. La fabrication de l’ardoise synthétique n’utilise désormais plus de fibres dangereuses pour la santé, amiante ou autre.
Comment est fabriquée l’ardoise synthétique
La fabrication de l’ardoise synthétique débute par la création d’une pâte contenant du ciment, des fibres textiles, de la silice, du carbonate de calcium, de la cellulose, des pigments et des adjuvants chimiques qui facilitent son élaboration et améliorent sa solidité. Certains de ces composants sont issus du recyclage de divers matériaux (textiles, journaux, etc.).
La pâte est mélangée, aplanie, texturée et découpée au format souhaité, avec très peu de perte de matière. Les ardoises synthétiques, selon les fabricants, sont soit séchées au four autoclave, soit à l’air libre.
En règle générale, la fabrication des ardoises synthétiques permet un marquage individuel des produits, qui autorise une excellente traçabilité des produits et des éventuels problèmes d’élaboration.
Nous le répétons, car les rumeurs ont la peau dure, il n’y a plus une seule fibre d’amiante dans la fabrication des ardoises synthétiques et des plaques de fibrociment (ardoises, panneaux de toiture ou même clins de bardage) vendues à l’heure actuelle en France.