Quels sont les principales carrières d’ardoise en France ?

Carrière d'ardoise en France - Les Pans de Travassac

Historique des carrières d’ardoise en France

L’industrie de l’ardoisière en France a vu le jour vers le XIIe siècle, avec l’ouverture des premières carrières pour la toiture au nord, près de la frontière belge, à Fumay et Rimogne. Au XVe siècle, l’exploitation s’est étendue à l’Anjou, avec des carrières à ciel ouvert et de puits souterrains fournissant des ardoises pour les châteaux de la Loire et Versailles.

Avec le code minier de 1810, les ardoisières ont été classées dans la famille des carrières souterraines. Au XIXe siècle, l’industrie a connu son apogée, principalement dans l’Ouest de la France, avec le Maine-et-Loire comme première région productrice.

Au début du XXe siècle, le secteur produisait plus de 100 000 tonnes d’ardoises, mais la production a diminué avec la fermeture progressive des carrières.

Quelles sont les régions de France où l’ardoise a été extraite ?

L’ardoise, ce matériau noble et naturel, a marqué l’histoire et le paysage de certaines régions françaises. En tête de liste, on trouve les ardoisières du nord-ouest de la France, notamment celle d’Angers-Trélazé, Noyant-La-Gravoyère et Renazé en Mayenne. La Corrèze est également réputée pour ses carrières d’ardoise à Travassac et Allassac. Enfin, la carrière d’ardoises des Pyrénées continue d’exploiter ce précieux matériau. Découvrons ensemble ces principaux sites d’extraction d’ardoise en France.

Les ardoisières du nord-ouest de la France

La région du nord-ouest de la France, notamment l’Anjou, est réputée pour ses ardoisières. Ces sites d’exploitation sont connus depuis le XIXe siècle pour leur production importante d’ardoises de qualité. Parmi les plus notables, on trouve les Ardoisières de l’Anjou et les Ardoisières d’Angers, qui ont dominé le marché jusqu’à la moitié du XXe siècle.

Cependant, à partir des années 1960, la concurrence espagnole est devenue plus forte, impactant fortement cette industrie. Malgré tout, certaines ardoisières comme celle des Grands Carreaux à Trélazé continuent d’être exploitées et sont reconnues pour la qualité de leurs ardoises.

Par ailleurs, la Bretagne possède aussi son lot d’ardoisières, avec notamment les Ardoises de Plevin et l’Ardoisière des 7 Pieds, des petits producteurs qui perpétuent la tradition de l’exploitation ardoisière.

La carrière d’ardoise d’Angers-Trélazé

La carrière d’ardoise d’Angers-Trélazé a une histoire riche qui remonte à 1406, avec l’ouverture de la première carrière à ciel ouvert à Tirepoche. En 1830, on y comptait 11 carrières dont quatre à Trélazé (Gravelle, Brémandière, des Carreaux et Aubinière) où travaillaient près de 981 ouvriers pour une production d’environ 38 millions d’ardoises par an.

Au fil des siècles, l’exploitation s’est industrialisée avec l’installation de machines à vapeur et l’extension des carrières sur plusieurs sites. Aujourd’hui, l’ardoise angevine continue de couvrir les toits des châteaux d’Angers et du Plessis-Macé et s’utilise dans la rénovation des édifices nationaux.

Le parc des ardoisières de Trélazé, à seulement 7 kilomètres à l’Est d’Angers, est un témoignage du passé industriel de la zone. Le site offre un paysage atypique en plein cœur d’une zone urbaine, avec une végétation adaptée aux milieux secs et schisteux. L’ardoisière des Grands Carreaux à Trélazé, exploitée par le groupe industriel Edlians, continue de produire de l’ardoise reconnue pour sa longévité et sa qualité.

Les ardoisières de Noyant-La-Gravoyère

Diverses carrières ont été exploitées sur la commune, comme celles de Bel-Air et de La Forêt, situées dans le creux du synclinal de Segré. Le gisement de schiste ardoisier a permis l’exploitation de seize carrières dès 1826.

La Société des Ardoisières de La Forêt a notamment ouvert une carrière en 1876 pour exploiter le fond Sainte-Marie. Les ardoises extraites dans ces sites étaient utilisées pour la toiture des bâtiments et maisons de la région.

En 1985 / 1986 l »activité des mines de fer et des ardoisières ont cessé, les 300 licenciements ont fait réagir la commune de Noyant la Gravoyère dont une partie des habitants descendra à 126 mètres sous terre, l’idée de La Mine bleue était née.

Les ardoisières ont également marqué le paysage de la commune et de ses environs, en particulier la vallée de Misengrain. Des sentiers d’interprétation sur le patrimoine industriel, l’art contemporain et la biodiversité permettent de découvrir ce lieu riche en histoire. Par ailleurs, les anciens sites d’exploitation ont été revalorisés pour le tourisme et la culture, avec notamment la création de la Mine Bleue où l’on peut descendre jusqu’à 126 mètres sous terre pour découvrir l’histoire et les techniques d’exploitation de l’ardoise.

L’ardoisière de Renazé en Mayenne

L’ardoisière de Renazé en Mayenne est un ensemble d’exploitations de schistes ardoisiers sur les communes de Renazé et Congrier. Elle compte plusieurs sites d’extraction dont la Gautrie, la Rivière, Saint-Aignan, Laubinière, la Touche et Longchamps. En plein essor au XIXe siècle, l’activité ardoisière de Renazé a cessé en 1975 avec la fermeture de la dernière exploitation du Bassin de Renazé, le site de Longchamp.

Aujourd’hui, ce patrimoine industriel est mis en valeur grâce au Musée de l’Ardoise et de la Géologie installé sur le site de Longchamp. Le musée plonge les visiteurs dans le passé ardoisier de la commune à travers l’exposition d’outils, de machines et de photographies anciennes. Il permet également de découvrir la carrière à ciel ouvert telle qu’elle était au XVIIIe siècle et la salle des machines.

L’exploitation des ardoisières de Renazé a débuté à ciel ouvert avant de se poursuivre en carrières souterraines par puits et chambres à partir du XVIe siècle. Le gisement de Renazé est lié avec le massif armoricain, ce qui permet d’expliquer la géologie locale, régionale et nationale.

La visite du Musée de l’Ardoise et de la Géologie offre un aperçu de l’extraction du schiste ardoisier et de la taille des blocs, deux étapes clés dans la fabrication de l’ardoise.

Les ardoisières de Corrèze : Les pans de Travassac et Allassac

En Corrèze, deux sites d’exploitation se distinguent pour leur richesse historique et leur qualité d’ardoise : Travassac et Allassac.

La carrière de Travassac est unique en Europe. C’est un lieu fantastique et impressionnant, avec un paysage fait de failles vertigineuses grimpant jusqu’à 60 m de hauteur et plongeant à 140 m sous nos pieds pour une longueur de 300 mètres sur 2 mètres d’épaisseur. Les séparations entre les 7 filons d’ardoise exploités depuis le 17ème siècle y sont visibles.

L’exploitation des ardoisières de Travassac a été remise en activité depuis une quinzaine d’années par Jean-François Bugeat. Face à la rareté des stocks de récupération, la demande pour de l’ardoise neuve ne cesse d’augmenter, ce qui a conduit à l’ouverture d’un nouveau filon.

Le site de Travassac, en plus d’être un lieu d’exploitation, est également un site patrimonial ouvert au public. Les visiteurs peuvent découvrir le métier d’ardoisier, un savoir-faire ancestral où les outils et les gestes n’ont pas varié depuis des siècles.

Allassac, connu depuis le XIIème siècle pour son riche passé ardoisier, a vu sa carrière d’ardoise rouvrir en 2006. Les ardoisières Bugeat y exploitent l’ardoise, répondant à une demande croissante d’ardoises neuves.

Les ardoisières de Bagnères-de-Bigorre dans les Pyrénées

Située sur la commune de Labassère, à proximité de Bagnères-de-Bigorre, l’Ardoisière des Pyrénées extrait près de 10 000 tonnes d’ardoise chaque année. Cette carrière d’ardoises tient son nom de l’occitan « labasse » qui signifie plaque d’ardoise.

Composée d’une petite équipe de quatre personnes, l’Ardoisière des Pyrénées est le fruit de la fusion entre deux exploitations locales en 2015. Elle est reconnue pour son respect des méthodes artisanales de façonnage de l’ardoise, une tradition qui perdure malgré les défis économiques.

Les produits de l’Ardoisière des Pyrénées :

  • Ardoises pour décoration intérieure et extérieure
  • Ardoises pour couverture de bâtiments
  • Ardoises sur-mesure pour les architectes des monuments historiques

Cette carrière d’ardoise, l’une des dernières en activité en France, représente un pan important du patrimoine industriel des Hautes-Pyrénées.

Bon à savoir

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L’industrie ardoisière en France : un secteur en déclin ?

Bien que la production d’ardoise ait connu un déclin majeur en France, le secteur n’est pas complètement éteint. Quelques producteurs régionaux parviennent à maintenir une activité, bien que limitée en termes de volumes. Par exemple, en Haute Savoie, les Ardoisières des 7 pieds produisent entre 30 et 40 tonnes d’ardoises par an. En Corrèze, Jean-François Bugeat des Ardoisières de Corrèze produit quelques centaines de tonnes par an, faisant de lui le deuxième producteur du pays. Ces producteurs, malgré leur petite taille, jouent un rôle essentiel en perpétuant le savoir-faire de l’industrie ardoisière française.

Par ailleurs, il faut noter que la France reste le premier consommateur mondial d’ardoises, notamment en raison de ses besoins en ardoises pour la couverture de ses bâtiments. Cela représente donc un marché potentiel important pour les producteurs français qui parviendraient à se démarquer.

Les ardoises française face à la concurrence venu d’Espagne

Cependant, la majorité de l’ardoise consommée en France est maintenant importée d’Espagne, qui est devenue le principal fournisseur du pays. En effet, 95% des besoins en ardoise de la France sont comblés par des importations espagnoles. Cela est en grande partie dû à l’épuisement des gisements français qui a mené à la fermeture de la dernière grande exploitation d’ardoise en 2014.

Face à cette situation, l’industrie ardoisière française est confrontée à un défi de taille : comment reconquérir son marché face à la domination espagnole ? Malgré ce contexte difficile, certains producteurs d’ardoise restent déterminés à défendre leur activité, face à des distributeurs qui imposent leur loi. C’est le cas par exemple de l’association regroupant des producteurs d’ardoise, dont 98% sont d’origine espagnole, qui a pour objectif de défendre l’intérêt des producteurs français.

La mine bleue : une expérience unique sous terre

La Mine Bleue, située à Noyant-la-Gravoyère en Anjou, propose une expérience unique en son genre pour découvrir l’histoire de l’extraction de l’ardoise. En immersion à 126 mètres sous terre, vous embarquez pour un voyage insolite dans le passé.

La visite guidée vous invite à explorer les galeries et chambres d’extraction de ce site minier authentique. Vous découvrirez l’origine de l’ardoise, ses techniques d’exploitation et le quotidien des mineurs de l’époque.

  • Visite guidée : La visite se fait uniquement en présence d’un guide pour assurer une expérience riche et sécurisée.
  • Réservation : Il est vivement conseillé de réserver votre place pour la visite guidée. Vous pouvez le faire par téléphone ou directement sur le site web de la Mine Bleue.
  • Horaires et tarifs : La Mine Bleue est ouverte du 30 mars au 11 novembre. Les tarifs et horaires sont disponibles sur leur site web.
Bon à savoir

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FAQ sur les carrières d’ardoises en France

Définition du filon dans le vocabulaire minier

Dans le vocabulaire minier, un filon désigne une veine de minerai, par exemple d’ardoise, qui se trouve à l’intérieur de la roche mère. Le filon est le résultat d’un dépôt de minéraux qui s’est cristallisé dans une fissure ou une fracture de la roche.

En minerai d’ardoise, les filons sont généralement parallèles et séparés par des couches de roche stérile. C’est dans ces filons que les ardoisiers extraient la matière première pour la production des tuiles d’ardoise.

Les filons peuvent être exploités de différentes manières, soit à ciel ouvert, soit en souterrain. Le choix de l’une ou l’autre méthode dépend de plusieurs facteurs, tels que la profondeur du filon, les conditions géologiques et économiques.

Où peut-on trouver de l’ardoise dans la nature ?

L’ardoise peut être trouvée à l’état naturel dans divers endroits. En France, les régions les plus riches en ardoise sont principalement situées dans les zones montagneuses. Parmi elles, on retrouve :

  • Le Maine-et-Loire : Il s’agit de la principale région productrice d’ardoise en France, avec notamment la carrière d’Angers-Trélazé.
  • La Bretagne : Plusieurs petites exploitations sont présentes dans cette région, notamment les Ardoises de Plevin.
  • La Normandie : Cette région possède également des gisements d’ardoise, bien que moins nombreux.
  • La Mayenne : L’ardoisière de Renazé est un exemple d’exploitation dans cette région.
  • Les Alpes : On y trouve quelques ardoisières, bien que plus éparses.
  • Les Pyrénées : Les ardoisières de Bagnères-de-Bigorre sont un exemple d’exploitation active dans cette région.
  • La Corrèze : Les ardoisières de Travassac et Allassac y exploitent l’ardoise.

Il est également possible de trouver de l’ardoise dans les carrières actives en France. En 2020, il y avait 3304 carrières en activité sur le territoire français, selon les données de MineralInfo – BRGM.