Tout au long du 20ème siècle, l’amiante était largement utilisée dans la construction avant d’être finalement interdite en 1997 en raison de ses effets nocifs sur la santé en cas d’inhalation de fibres détachées de la matière. L’amiante libre, lorsqu’elle se dégrade ou est manipulée, est en effet à l’origine de maladies et infections pulmonaires, cardiaques et digestives comme le cancer du poumon, de la plèvre ou de l’estomac.
L’élimination de toute trace d’amiante est ainsi devenue un enjeu de santé important. Mais comment procéder ? Comment repérer la présence d’amiante sur des ardoises en fibrociment ? Quelles précautions pour l’éliminer ? Tout ce qu’il faut savoir sur le désamiantage de toiture.
L’ardoise contient-elle naturellement de l’amiante ?
Depuis 1997, l’utilisation d’amiante est interdite en France. Cette fibre minérale naturelle était auparavant largement utilisée du fait de ses propriétés techniques importantes et de son coût de revient très bon marché dans le domaine de l’industrie et du bâtiment. Pour autant, on ne peut pas parler d’amiante présente à proprement parler dans les ardoises. L’ardoise est en effet géologiquement composée d’argile dure et donc de minéraux solides tels que le quartz, le mica ou le chlorite.
Dans les bâtiments construits avant cette date, il est cependant possible de trouver des matériaux contenant des fibres d’amiante dans certains composants utilisés pour la réalisation de toitures en ardoise.
C’est le cas par exemple des plaques ondulées, des ardoises artificielles, des conduits ou des canalisations en amiante-ciment, ou encore des bitumes et des flocages utilisés pour isoler les gaines. L’amiante peut ainsi être présente sur tous les types de toitures antérieures à 1997 mais est plus couramment retrouvée sur des toitures en fibrociment (ou en ardoise artificielle en opposition aux ardoises d’origine naturelles).
Comment détecter si le fibrociment contient de l’amiante ?
Plusieurs signes peuvent être repérés afin de détecter la présence d’amiante sur votre toiture en fibrociment.
Recherchez la date de production
Pour savoir si un matériau contient de l’amiante, vérifiez son année de production. Les documents techniques archivés relatifs à la construction peuvent notamment vous être utiles. Si le matériel a été fabriqué entre 1945 et 2001, il est susceptible d’en contenir. S’il a été conçu entre 1955 et 1985, il est pratiquement certain qu’il en contienne. Les toits ou murs recouverts d’ardoises artificielles ou de tôles ondulées avant 1990 sont également assurés d’en contenir.
Ouvrez l’œil
Pour reconnaître un produit contenant de l’amiante, vous devez également être attentif à sa texture. Les plaques en amiante-ciment ont souvent une structure alvéolée semblable à un nid d’abeille et parfois formée de plusieurs couches. Dans des applications en fibrociment, vous pouvez parfois distinguer des « fleurs d’amiante » ou des taches blanches sur la surface qui sont généralement révélateurs d’une présence d’amiante. Des faisceaux de fibres d’amiante peuvent même être repéré à l’œil nu lorsque le matériau est dégradé ou cassé.
Recherchez les marquages
Pour repérer facilement les produits sans amiante, cherchez la mention “N” ou “NT” (« New Technology ») sur les différents composants. Par ailleurs, les plaques ondulées exemptes d’amiante contiennent toujours une bande de renfort. Si vous constatez que votre plaque ne comporte ni marques ni dates, la meilleure solution est de faire appel à un technicien diagnostiqueur spécialisé pour prélever un échantillon et le soumettre à des tests approfondis.
Toit contenant de l’amiante : le remplacement est-il obligatoire ?
Un propriétaire qui possède une toiture contenant de l’amiante n’est pas tenu de la remplacer tant que cette présence reste marginale et non-dangereuse et tant qu’elle ne présente pas de détérioration manifeste. Le nettoyage à haute pression et tout travail sur ce type de toiture sont en revanche interdits car ils peuvent libérer des fibres dangereuses dans l’air.
Avant tout travaux, un diagnostic amiante avant travaux (DAAT) est obligatoire. Bien que non imposé par la loi, le désamiantage de la toiture est préférable pour un propriétaire avant mise en vente du bien pour rassurer de futurs acheteurs, un diagnostic amiante avant-vente étant en effet également obligatoire.
Pour évaluer la nécessité d’intervenir sur une toiture contenant de l’amiante, il convient de distinguer l’amiante libre de l’amiante liée. L’amiante libre, qui est plus volatile et plus dangereuse exige des mesures spécialisées pour son retrait, tandis que le retrait de l’amiante liée (ciment par exemple) est moins strict et peut même dans certains cas être réalisé sans recourir nécessairement à un professionnel.
Comment procéder en cas de toit contenant de l’amiante ?
Des matériaux contenant de l’amiante sont présents sur votre toit et vous êtes à la recherche d’une solution ? Plusieurs possibilités se présentent alors à vous en fonction du diagnostic et des préconisations du professionnel certifié :
- Le désamiantage total réalisé par une société spécialisée qui procède au démontage de la couverture et extrait avec minutie les matériaux afin de les transporter vers un centre de traitement. Les techniciens doivent porter un matériel de protection adéquat (combinaison et masque), prendre toutes les précautions pour ne pas endommager les matériaux fragiles et limiter au maximum les émissions de poussière. Le coût du désamiantage total est généralement compris entre 25 et 60 € du m², coûts de retraitement compris. Une fois le processus achevé, l’entreprise pourra alors poser une nouvelle couverture en toute sûreté. Des aides au désamiantage existent afin de vous aider à financer ce type d’opération.
- L’encapsulage pour sa part est une solution plus simple et plus rapide qui consiste à recouvrir les matériaux contenant de l’amiante avec un enduit, en procédant à un ragréage ou à une chape. Ces travaux doivent là encore être exécutés par des professionnels certifiés et sont parfois suffisants pour empêcher la dispersion d’amiante dans l’air.
- Il existe une dernière alternative encore moins onéreuse à savoir le recouvrement, qui consiste à poser un nouveau revêtement sur la toiture existante. Il peut être réalisé par la pose d’un adhésif liquide ou par la création d’un support en métal permettant de fixer des plaques de polystyrène.
Comment et où se débarrasser des ardoises en amiante ?
Pour évacuer des déchets toxiques amiantés, il convient de s’adresser à une déchetterie spécialisée qui accepte les plaques de fibrociment. Vous pouvez trouver la liste des déchetteries spécialisées autour de chez vous en mairie ou sur le site SINOE.
Il est préférable de contacter la déchetterie au préalable pour s’assurer qu’elle accepte la dépose de plaques de fibrociment amiantées, en quelle quantité et à quel prix. Il vous faudra également la plupart du temps prendre rendez-vous. La déchetterie spécialisée pourra dans certains cas vous confier des équipements de protection individuelle pour le transport et vous adresser des consignes de sécurité pour la procédure de dépôt.
Si le nombre de plaques est trop important, il est préférable et surtout moins risqué de faire appel à une entreprise certifiée. Ces collecteurs gèrent le transport et le traitement des matériaux selon des procédures de sécurité très strictes. La société se chargera notamment intégralement du conditionnement, du transport et de l’élimination des déchets à amiante. Vous pouvez trouver la liste des entreprises certifiées sur les sites internet des organismes Qualibat ou AFNOR.